REFORME DES RETRAITES : la mobilisation se poursuit
Vendredi 24 et mercredi 29 janvier les personnels de l’Éducation ont une nouvelle fois exprimé avec force leur exigence de retrait du projet de retraite par points. Avec plus d’un personnel sur trois en grève dans l’académie, le combat se poursuit avec un haut niveau de mobilisation, malgré les difficultés professionnelles qui deviennent réelles au fur et à mesure des journées de grèves, ce dont le gouvernement et Macron sont seuls responsables. Les sondages d’opinion ne varient pas et 61% des sondés estiment que le gouvernement doit retirer sa réforme.
Le Conseil d’État étrille le Gouvernement !
Selon un avis publié vendredi 24 janvier, le Conseil d’État estime ne pas avoir eu le temps de « garantir au mieux la sécurité juridique » de la réforme des retraites. L’institution déplore aussi les « projections financières lacunaires » du gouvernement et un recours aux ordonnances qui « fait perdre la visibilité d’ensemble ».
Saisi le 3 janvier (avant donc les soi-disant concertations avec les syndicats), le Conseil d’État n’a disposé que de trois semaines pour rendre son avis sur les deux projets de loi (organique et ordinaire), que le gouvernement a en outre modifiés à six reprises durant cette période, ce qui « ne l’a pas mis à même de mener sa mission avec la sérénité et les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la sécurité juridique de l’examen auquel il a procédé », estime-t-il. Le Conseil d’État pointe au passage l’absence d’urgence à réformer, puisque le système de retraite par répartition actuel ne connaît pas de souci de financement majeur d’ici à 2030. C’est donc bien à une entreprise idéologique que nous avons affaire ici.
Une « situation d’autant plus regrettable » qu’il s’agit d’une réforme « inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir (…) l’une des composantes majeures du contrat social », ajoute la plus haute juridiction administrative française.
Un avis sévère, qui n’épargne pas l’étude d’impact accompagnant les deux textes : la première mouture était « insuffisante » et même une fois complétée, « les projections financières restent lacunaires », en particulier sur le taux d’emploi des seniors, les dépenses d’assurance-chômage et celles liées aux minima sociaux, liés à la hausse de l’âge de départ à la retraite, qui est bien l’objectif recherché par l’âge d’équilibre (porté à 65 ans pour la génération 1975, 66 ans et 3 mois pour la génération 1990, 67 ans pour la génération 1999).
Le Conseil d’État pointe également le choix de recourir à 29 ordonnances, y compris « pour la définition d’éléments structurants du nouveau système de retraite », ce qui « fait perdre la visibilité d’ensemble qui est nécessaire à l’appréciation des conséquences de la réforme et, partant, de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité ». Autrement dit le chèque en blanc que s’apprête à demander le gouvernement à son armée de députés godillots n’est pas constitutionnel. Celle portant sur la « conservation à 100 % des droits constitués » au moment de la bascule entre le système actuel et le futur « système universel » pour les personnes nées à partir de 1975 est jugée « particulièrement cruciale ». Le gouvernement se refusant à communiquer sur ce point entretient au mieux le flou.
Enfin, l’engagement de revaloriser les enseignants et des chercheurs via des lois de programmation est condamné à disparaître du texte car « ces dispositions constituent une injonction au gouvernement de déposer un projet de loi et sont ainsi contraires à la Constitution ».
Qui après un tel avis de la haute juridiction peut encore défendre ce texte ? Le gouvernement, tout le monde l’a bien compris, à l’exception de naïfs ou complices « réformistes », vise à dynamiter les retraites de toutes et tous, à précariser la retraite et avec elle tous les âges de la vie en imposant à chacun l’acceptation des pires conditions d’emplois dans l’espoir d’accumuler quelques points. Et le gouvernement, qui ne recule devant rien, utilise de façon éhontée le mensonge et l’enfumage pour tenter de dissimuler l’ampleur des dégradations à venir.
Nous étions habitués aux éléments de langage, aux contre-vérités, au mépris serinés à longueur d’antenne par les ministres. Voilà maintenant qu’ils mentent, au Conseil d’État, à la représentation nationale, à leurs propres députés (qui à leur corps défendant ne font rien pour comprendre), tant leur réforme est terrible et porteuse de régressions inavouables.
Le collectif NosRetraites a en effet constaté dans les 1000 pages de l’étude d’impact, que le gouvernement n’applique pas les paramètres de sa réforme afin d’en enjoliver les effets. Dans l’étude d’impact, 21 cas d’études sur 28 seraient gagnants, mais si les véritables paramètres de la réforme, inscrits dans le projet de loi et l’étude d’impact, sont appliqués, 18 cas sur 28 sont finalement perdants ! Tous les détails sur cette page.
En l’état de la situation dans l’Éducation :
- la baisse des pensions, dès 2022 pour toutes et tous : c’est sûr !
- travailler plus longtemps, dans des conditions de travail dégradées: c’est sûr !
- la menace d’un alourdissement de la charge de travail et d’une redéfinition du statut en contrepartie d’une pseudo-revalorisation plus précisé depuis le 13 janvier : c’est sûr !
Le retrait de ce projet de loi s’impose, et rien d’autre ! C’est ce que portent depuis plusieurs mois, et dans une unité syndicale inédite, les organisations syndicales FSU, CGT, FO, Solidaires, CGC, qui ensemble, représentent une majorité de salariés. Nous appelons tous ceux qui ne sont pas encore entrés dans l’action à rejoindre le camp de ceux qui ne veulent pas faire partie de la génération qui aura sacrifié les générations futures, à rejoindre ceux qui ne se résignant pas à la mise à sac du modèle social Français.
EN GRÈVE JEUDI 6 FEVRIER
Manifestations et rdv à voir ici
Destruction des services publics, creusement des inégalités, baisse de nos salaires, de nos pensions, dénaturation de nos métiers et dégradation continue des conditions de travail … il faut stopper cette spirale infernale, et ça commence par le retrait de ce projet et l’ouverture de négociations pour améliorer le système actuel dont le financement est parfaitement possible.